Une centaine de personnes, sans logement mais régularisées, campent depuis le 3 octobre sur les trottoirs de la rue de la Banque.

Publié le par Daniel Hentzé

Mal logés mais pas sans papier

Une centaine de personnes, sans logement mais régularisées, campent depuis le 3 octobre sur les trottoirs de la rue de la Banque.


C'est la troisième fois ce mois-ci. Rue de la Banque, mercredi 31 octobre à l'aube, comme le 10 et le 11, les sans logis installés sous des tentes ont été évacués par la police et la gendarmerie. Certains ont été conduits vers des centres d'accueil mais la plupart, dont trente femmes avec des enfants, est partie et s'est éparpillée dans Paris.
Ces femmes et hommes sont salariés et ont des papiers français, mais ils n'ont pas de logement.
La régularisation est-elle une condition au droit au logement ? Apparemment pas et, d'ailleurs, elle ne devrait pas l'être, ce droit est un principe fondamental de la République applicable à tous, nationaux ou étrangers. Pourtant la question se pose. Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile, donne une réponse : « La question est celle du logement des travailleurs pauvres, la régularisation ne résout pas le problème du logement. » En effet, un emploi et des papiers ne permettent pas forcément un accès à un logement. Il ajoute : « C'est une question sociale et non pas de nationalité ou d'immigration. ».

C'est ici que les représentations entre en jeu : les images de squats renvoient à celles des travailleurs illégaux finissants par construire un amalgame qui nuit aux uns et aux autres. On peut avoir un job et ne pas être régularisé, être un résident ou citoyen français sans disposer de travail ou de logement.
Ce qui conduit à associer, malgré nous, occupation illégale d'un bâtiment ou d'une rue et présence illégale sur le territoire, à l'image des événements du gymnase de Cachan. Or, les sans logis de la rue de la Banque sont régularisés et, surtout, salariés. Une des femmes évacuées ce matin a déclaré à l'AFP : "On demande un logement, on travaille, on en a marre des hôtels". Pour calmer les esprits, entre deux évacuations policières, le gouvernement tente de trouver des solutions. Christine Boutin, la ministre du Logement a annoncé, mercredi, dans un communiqué : "Je comprends l'inquiétude et l'impatience des associations face aux difficultés du logement et de l'hébergement en France (...). Pourtant, je ne peux pas laisser dire que les moyens ne seraient pas au rendez-vous alors que le budget du ministère du Logement et de la Ville, pour 2008, est en augmentation de 3,5% (…)". Mais selon l'association Droit au logement, les politiques publiques mises en oeuvre sont inopérantes voire aggravantes. Les structures d'hébergement des mal-logés, avec ou sans papier, sont saturées, faute de solution de relogement à la sortie et les mesure pour écarter les sans abris des centres se banalisent.

Jeudi 01 Novembre 2007 - 09:05
Pauline Delassus mariane2

Publié dans LA RUE

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